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L'influence de la génétique n'est plus à démontrer

Incontestablement, la corpulence est un des traits humains les plus héréditaires. Les études des vrais jumeaux (identiques génétiquement) ont démontré la concordance quasi absolue de leur corpulence, même quand les jumeaux avaient été élevés séparément dans des familles adoptives différentes. De même, leur tendance éventuelle à l'obésité est à rapprocher des caractéristiques de leurs parents biologiques mais non des parents adoptifs. Enfin, la suralimentation contrôlée de jumeaux conduit à une prise de poids certes très variable d'une paire à l'autre mais, là encore, quasi identique entre les deux jumeaux d'une même paire. Ainsi, la réponse au régime riche en graisses est un trait génétiquement déterminé. Certains sujets résistent à l'obésité, alors que d'autres sont très sensibles au régime obésogène.

L'analyse familiale a aussi conclu à l'existence d'un petit nombre de gènes ayant un impact majeur sur la corpulence et particulièrement sur le pourcentage ou la distribution régionale de la masse grasse. Ces gènes expliqueraient plus de la moitié des variations du poids entre êtres humains de même âge et de même sexe. Curieusement, si l'on prend en compte le rôle de ces gènes, toujours par l'étude de jumeaux, les facteurs d'environnement les plus puissants ne sont pas alimentaires : le tabac et la supplémentation hormonale de la ménopause préserveraient ainsi les femmes anglaises ménopausées du surpoids. Il a été aussi récemment montré que les enfants en surpoids âgés d'une dizaine d'années, ayant au moins un parent obèse, avaient un risque de 80 % de devenir obèses à l'âge adulte. Contre seulement 10 % de risque si ces deux parents étaient maigres.

Si la tendance à l'obésité a une base génétique, il est possible de l'étudier grâce à la stratégie scientifique dite de génétique inverse, qui cherche à localiser une région chromosomique liée à la maladie puis à découvrir le gène anormal situé sur cette région. Les progrès de la génétique moléculaire, l'établissement de cartes de plus en plus précises du génome humain et, dans quelques mois, le séquençage de nos 100 000 gènes rendent désormais enfin possible l'étude des déterminants génétiques de maladies fréquentes et aussi complexes que l'obésité.

Les espoirs de la génétique

Il est probable que les gènes majeurs de l'obésité familiale font partie des 90 000 gènes encore inconnus, et ne pourront donc être identifiés que par l'exploration complète des 23 paires de chromosomes des membres des familles obèses. Cette approche est utilisée par plusieurs groupes, et les premiers résultats semblent en démontrer la pertinence. Ainsi, de manière étonnante, des études familiales similaires, réalisées dans des populations aussi différentes que les Hispano-Américains, les Américains d'origine nord-européenne de Philadelphie, les Canadiens français ou des adolescents allemands obèses, dont les modes de vie sont apparemment très différents, retrouvent à peu près les mêmes régions du génome associées au surpoids : essentiellement sur les chromosomes 2, 10, 11 et 20.

Il est très probable que les anomalies génétiques prédisposant à ces formes communes d'obésité seront découvertes dans les deux ou trois prochaines années, ce qui permettra de comprendre enfin les bases moléculaires de cette maladie. L'étape suivante sera d'obtenir une classification des obésités en fonction de leurs causes, première étape vers la mise au point de nouveaux traitements de l'obésité, agissant sur des cibles identifiées grâce aux études génétiques. Ensuite, on peut imaginer la mise au point de puces à ADN, qui permettront de rechercher de manière préventive les facteurs de risque génétique à l'obésité, mais aussi aux autres conséquences néfastes d'une alimentation déséquilibrée - diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires. Il sera ainsi possible de proposer une alimentation, un mode de vie personnalisés, mieux adaptés aux caractéristiques génétiques et aux goûts de chacun.

Les limites de la génétique

Les spécialistes pensent que chez l'homme plusieurs gènes de suceptibilité sont impliqués mais que les facteurs biologiques, psychologiques, culturels et environnementaux sont là pour renforcer, diluer, voire supprimer la "donne" génétique.

La brusque augmentation d'obésité à laquelle nous assistons, a, en effet, bien peu de chance de provenir d'une soudaine mutation génétique. Les aborigènes australiens urbanisés deviennent obèses et "guérissent" lorsqu'ils reviennent dans leur milieu d'origine.

Chez l’homme, en dehors de découvertes récentes des gènes impliqués dans des formes monofactorielles d’obésité massive à début précoce (mutation du gène de la leptine et mutation de la proconvertase), la contribution de l’hérédité à l’obésité commune est plus complexe.

Il faut donc bien se garder de raisonner uniquement par le gène. D'ailleurs, au concept de gènes "malades", les spécialistes préfèrent celui d'une inadaptation de l'homme aux nouvelles conditions de son environnement.

La sélection naturelle a favorisé au fil des millénaires les individus susceptibles de mieux stocker l'énergie sous forme de graisses pour survivre aux famines. C'est la théorie du "gène économe".

Mais aujourd'hui, avec la sédentarité, l'abondance et la diminution des besoins énergétiques, l'arme s'est retournée contre les individus les plus "performants" et le cocktail est devenu parfait pour devenir obèse malgré soi.

Adaptation du mode de vie au cadre génétique (et réciproquement)

L'obésité - au moins la plus fréquente - peut donc, à mon avis, s'expliquer par un décalage entre notre mode de vie (alimentaire, sédentarité,....) et celui-ci codé dans nos gènes.

Au fil des générations, depuis des millions d'années, ceux-ci ont codés des processus en réponse au mode de vie rencontrés par nos ancêtres de manière à ce que les générations suivantes profitent de cette expérience.

Respecter les différences d'adaptations historiques

C'est ainsi que me semble évident que les processus codés pour les occidentaux sont certainement différents de ceux codés pour les indiens d'Amérique centrale ou les mélanésiens : leurs sources de nourriture n'ont pas les mêmes caractéristiques, leur mode de vie non plus. 

La première erreur est donc de considérer que les recettes s'appliquent de la même manière à tout le monde. Vouloir appliquer à l'ensemble de la population mondiale nos règles de diététique est sans doute une hérésie.

Ce phénomène ne s'applique pas qu'entre populations géographiquement très éloignées. Il existe en France la même différence au niveau local ce qui explique les disparités régionales face à l'obésité.

Les vitesses d'évolution

Les vitesses d'évolutions entre notre mode vie et celui codé dans nos gènes ne sont plus en phase.

D'un côté les habitudes, au gré des modes, du progrès technologique, des découvertes scientifiques et biologiques ou des aspirations de chacun, évoluent très vite. Il n'y a qu'à regarder le chemin parcouru ces cinquante dernières années pour réaliser le fossé qui nous sépare du mode de vie de nos parents ou grands-parents.

De l'autre côté, les processus codifiés dans les gènes évoluent seulement au rythme des générations (c'est-à-dire plusieurs dizaines d'années) et encore.... seulement avec de légères variations (l'organisme est prudent !).

Pas étonnant que les réponses programmées de l'organismes se trouvent d'un coup inadaptées. Il faut donc laisser le temps à l'organisme d'étudier ce nouveau mode de vie, de tester différentes réponses possibles et de conserver les meilleures. C'est comme cela que c'est faite l'évolution de l'espèce humaine depuis des millions d'années et cela continuera encore longtemps... pour peu qu'on lui en laisse le temps.

Ne pas tromper son organisme

Il est fort probable que le caractère héréditaire de l'obésité concerne aussi la transmission du poids d'équilibre : nous héritons de celui de nos parents et transmettons le nôtre à nos enfants. C'est sans doute l'explication des familles d'obèses.

Il semble évident que plus nous aurons subi de famines (= de régimes !) et appris à notre organisme que les temps sont difficiles, plus il transmettra à nos descendants un poids d'équilibre élevé afin qu'ils soient d'emblée mieux armés pour lutter contre ces temps difficiles.

En revanche, si nous lui apprenons par une alimentation équilibrée que nous sommes dans une période d'abondance et que faire des réserves ne sert plus à rien, il transmettra ce message à nos enfants et diminuera leur poids d'équilibre.

En conclusion

Ces recherches sont à la fois passionnantes et décevantes. Passionnantes car on est en train de découvrir les ressorts intimes de l'organisme. On commence à comprendre la façon dont nos appétits se régulent, comment on dépense ou non l'énergie apportée par les aliments ; on en vient à concevoir différemment le tissu adipeux qui, loin d'être une simple réserve statique, est un organe communiquant, dialoguant avec le cerveau.

Néanmoins toutes ces recherches n'en sont qu'à leurs débuts. Le nombre de gènes impliqués dans l'obésité dans l'espèce humaine augmente de minute en minute. Alors qu'on parlait d'une vingtaine de gènes, certains chercheurs considèrent que 200 est un nombre plus réaliste.

Il est clair que, sauf percée inattendue, on ne bénéfiera pas d'une thérapie génique de l'obésité avant longtemps.

Ensuite, l'obésité est clairement un problème multifactoriel et on considère que la génétique n'entre que pour 30 % dans la constitution des obésités humaines. Les facteurs psychologiques et sociaux, l'environnement, jouent leur rôle, bien souvent décisif. N'oublions pas non plus les erreurs commises concernant les stratégies amaigrissantes. (Voir à ce sujet les effets de la restriction cognitive et la façon dont elle crée ou aggrave l'obésité.)

Pour lutter contre l'ensemble de ces phénomènes, on recherchera à ce rapprocher des modes de vies de nos parents et grands-parents, ceux pour lesquels les réponses les mieux adaptées, issues d'une très longue expérience,  sont codées génétiquement au plus profond de nous-mêmes.

En fait, tous ces facteurs, qu'ils soient génétiques, psychologiques, sociaux, environnementaux, s'additionnent ou se multiplient chez une même personne. On conçoit que dans ces conditions, il n'existe pas de solution toute faite qui conviendrait à chacun. C'est à chaque individu qu'il convient de faire ses choix stratégiques, aidé si nécessaire par un professionnel compétent.

 

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